Secret des mares et étangs : la vie cachée des amphibiens

Agriculture urbaine à Mouscron

Secret des mares et étangs : la vie cachée des amphibiens

05/03/2025 Actu 0
Grenouille rousse, Mouscron

À la fin du mois de février, les températures nocturnes en Belgique atteignent les 7°C et il pleut souvent. C’est le moment idéal pour observer les amphibiens à la Fontaine Bleue ! Les grenouilles, crapauds, tritons alpestres et tritons ponctués émergent de leur abri pour se rendre à leur point d’eau préféré pour se reproduire. Toutefois, le monde des amphibiens ne se limite pas à ces espèces…

Crapaud, Mouscron
Le cerveau des amphibiens est moins développé que celui des reptiles, oiseaux et mammifères.
©Christophe Gruwier

Les amphibiens sont d’excellents régulateurs de la population d’insectes, et plus particulièrement des moustiques dans les zones humides. En effet, ils les consomment et limitent ainsi leur prolifération.

En Belgique, ces animaux sont protégés et il est interdit de les capturer et de les transporter !

En règle générale, tous les amphibiens commencent leur vie sous la forme d’une larve qui se métamorphosera plus tard sous sa forme adulte définitive.

Cependant, il existe des espèces qui ne subissent pas cette transformation. Elles restent soit larvaires tout au long de leur existence, soit adoptent une forme adulte miniature.

Les larves ont des branchies, tandis que les adultes ont des poumons. Leur peau sert de deuxième surface respiratoire. Certaines espèces terrestres ne possèdent même pas de poumons et respirent exclusivement par leur peau.

Pour la majorité des espèces, leur vie est essentiellement terrestre. Ils entrent dans l’eau uniquement pendant la période de reproduction !

Le monde des amphibiens est composé de 3 ordres bien distincts : les anoures, les urodèles et les gymnophiones.

Les anoures

Les grenouilles et crapauds, qui comptent plus de 7 000 espèces dans le monde, constituent l’ordre des amphibiens le plus diversifié !

Remarquablement, ces créatures sans queue à l’âge adulte (du grec « an-oura », signifiant « sans queue ») peuvent être trouvées dans une multitude d’habitats, des forêts tropicales aux déserts arides.

En Belgique, les anoures sont représentées par les grenouilles et les crapauds.

Grenouille verte, Mouscron
En général, les grenouilles sont ovipares, c’est-à-dire qu’elles pondent des œufs. ©Christophe Gruwier

Pendant la période de reproduction, les mâles attirent les femelles grâce à leur puissant coassement.

Pour ce faire, ils font passer l’air à travers leur larynx, puis l’amplifient dans les sacs vocaux situés dans leur gorge ou leur bouche. Ils ont la capacité de se faire entendre jusqu’à un kilomètre de distance !

En plus des chants d’appel, certains anoures utilisent des signaux visuels, comme des mouvements de pattes, pour communiquer dans des environnements bruyants (par exemple, près des cascades).

En hiver, les anoures hibernent. Certains se réfugient dans des hibernaculums, se terrent dans des tunnels, s’enfoncent dans la vase ou se cachent sous les feuilles mortes.

Certaines espèces ont la capacité de congeler sans dommages, comme la rainette verte !

Lorsque la température descend à -5° C, le cœur et les poumons cessent de fonctionner et de petits cristaux de glace se forment dans le corps sans endommager les cellules. Au printemps, les organes redémarrent et la rainette reprend vie. 

Grenouille rousse, Mouscron
La grenouille rousse est l’une des espèces de grenouilles les plus répandues en Europe ! ©Christophe Gruwier

Les grenouilles possèdent de longues pattes musclées, adaptées au saut et à la nage. Certaines espèces s’en servent aussi pour marcher ou faire de petits bonds. La peau lisse et perméable de ces animaux leur permet d’absorber plus de 50 % de leurs besoins en oxygène !

Leurs glandes à mucus sont très utiles, car elles les aident à hydrater leur peau et à respirer par celle-ci. Elles sont particulièrement nécessaires durant leur période d’hibernation, qui peut se dérouler sous terre ou même dans l’eau.

Elles fréquentent la plupart des points d’eau stagnante ou courante, depuis les mares jusqu’aux rivières calmes. Nous les retrouvons aussi en prairies, en bocages et dans les forêts de feuillus.

Les urodèles

À l’inverse des anoures, ces amphibiens conservent leur queue à l’âge adulte, comme les salamandres et les tritons. En général, ils préfèrent les milieux humides et ombragés.

Les urodèles sont célèbres pour leur capacité à régénérer des parties de leur corps, comme la queue, le cœur, les membres et les yeux. Le triton peut même reconstruire un membre entier avec tous ses os, ses muscles et ses nerfs fonctionnels.

Certains urodèles n’ont pas de poumons et respirent uniquement par leur peau perméable. C’est le cas des pléthodontidés, qui vivent dans des environnements humides pour faciliter les échanges gazeux cutanés.

Triton alpestre mâle, Mouscron
Cette espèce se distingue des lézards grâce à leur peau nue, démunie d’écailles. ©Jean-Paul Vanbellaiengh

Les urodèles, contrairement aux anoures, ne possèdent pas de tympans ni de cavité tympanique. Les vibrations sont transmises par l’intermédiaire de leur mandibule. De plus, l’absence de larynx les empêche de crier ou de coasser.

Cependant, en situation de panique, ils se montrent toutefois capables d’émettre un faible couinement, voire un glapissement à peine audible.

En réponse au danger, certains urodèles produisent des substances toxiques pour se défendre. La salamandre tachetée peut expulser un liquide laiteux irritant pour les yeux et les muqueuses de ses prédateurs.

À la Fontaine Bleue, nous ne rencontrons que des tritons alpestres et des tritons ponctués !

Le triton alpestre est facilement identifiable par son dessous orange vif et l’aspect marbré de son dos. Nous le trouvons souvent dissimulés sous un amas de pierre ou à proximité des bassins de jardin et des étangs.

Triton alpestre mâle, Mouscron.
La taille du triton alpestre varie de 8 à 12 cm ! ©Jean-Paul Vanbellaiengh

Le triton ponctué, comme son nom l’indique, est recouvert de tâches sombres sur sa face ventrale.

Triton ponctué femelle, Mouscron
Le triton ponctué aime particulièrement les mares riches en végétation et les fossés. ©Hugues Caryn

Les gymnophiones

Moins connus, les gymnophiones comptent environ 200 espèces en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud-Est. Ces amphibiens se distinguent par l’absence de membres ainsi qu’un corps allongé et ondulé, comme celui des cécilies. Ils habitent dans les forêts tropicales.

Certaines espèces mènent une vie fouisseuse et vivent sous terre. Elles utilisent leur tête renfoncée pour creuser le sol. Certaines espèces sont aquatiques et peuvent nager dans les marais.

Cécilie, image de Canvas
La localisation et l’extraction des cécilies peuvent nécessiter jusqu’à 20h de travail acharné ! ©Canvas

Les cécilies possèdent trois rangées de dents acérées, courbées vers l’arrière. Cette particularité leur permet de maintenir fermement leurs proies, telles que les vers de terre, les insectes et les petits vertébrés. 

De plus, il est intéressant de noter que les cécilies sont vivipares : les jeunes se développent à l’intérieur de l’utérus maternel et naissent entièrement formé.

Après leur naissance, les petits gymnophiones se nourrissent parfois de la peau particulièrement nutritive de leur mère. Ce mode de nutrition est appelé la dermatophagie.

Ils se distinguent des anoures et des urodèles par leur grand nombre de vertèbres et leur toit dermique crânien non perforé où ne s’ouvrent que les orbites et les narines.

Bien qu’ils aient presque complètement perdu la vue, car leurs yeux sont recouverts par la peau du crâne, les gymnophiones possèdent des tentacules sensitifs entre leurs yeux et leurs narines.

Grâce à leurs tentacules, ils sont capables de détecter les vibrations et les substances chimiques dans le sol.

Vous pouvez cliquer sur notre dernière vidéo sur les amphibiens :

Défendre les amphibiens lors de leur migration